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imemine

9 avril 2016

Rousseau et Voltaire : ou comment lire des choses intelligentes sur ce qui se passe aujourd'hui (1/2)

Voilà, c'est décidé, il ne suffit pas d'en parler, il faut lire aussi.

Depuis toujours tout a été dit sur la société, la démocratie et les hommes.

Il est nécessaire de se plonger dans Platon et les autres philosophes "d'avant JC" pour comprendre ce dont on a besoin pour vivre harmonieusement les uns avec les autres. Il est nécessaire aussi de lire les philosophes des lumières qui ont eu ce courage politique et cette lucidité de sortir du carcan catholique imposé depuis des siècles.

Je vous propose 2 textes :

- Voltaire : Traité sur la tolérance 1763

- Rousseau : Discours sur l'origine des fondements de l'inégalité parmi les hommes 1755

Voltaire-Rousseau12b

Aujourd'hui je parlerai du texte de Rousseau (oui 48h avant le samedi fatidique, j'ai choisi simplement le plus court des deux, car moi aussi je découvre ces textes et je me suis décidée à les lire)

Rousseau, philosophe "naturaliste" dit que pour connaître l'homme il faut "démêler ce qu'il y a d'originaire et d'artificiel dans la nature actuelle de l'homme" et définir la loi naturelle, c'est à dire celle qui préexiste aux lois qui s'appliquent aux hommes au moment où il se pose la question.

"J'y crois apercevoir deux principes antérieurs à la raison, dont l'un nous intéresse ardemment à notre bien-être et à la conservation de nous-même, et l'autre nous inspire une répugnance naturelle à voir périr ou souffir tout être sensible et principalement nos semblables"

(et toujours page 14 au paragraphe suivant, la reconnaissance de l'animal comme être sensible, reconnu dans notre droit il y environ un an seulement)

JJR conçoit 2 sortes d'inégalités : l'inégalité naturelle (physique et mentale) et l'inégalité sociale (privilèges, richesse, puissance)

Pour lui, l'homme "naturel" est plus fort physiquement que l'homme moderne car non assisté d'outils, a moins de maladies car n'est pas empoisonné (ni par une nourriture trop riche ou trop pauvre, ni par les poisons des médecins) : ce raisonnement reste tout à fait applicable à la société occidentale du XXIème siècle.

Moralement, l'homme "naturel" est libre et perfectible ce qui lui permet de répondre à ses besoin et d'éviter bien des maux alors que chez l'homme moderne ces qualtiés sont la source de tous ses malheurs.

Ensuite JJR vient à se demander comment le langage est apparu, langage nécessaire à faire évoluer et progresser l'homme "naturel" : " car si les hommes ont eu besoin de la parole pour apprendre à penser, ils ont eu bien plus besoin encore de savoir penser pour trouver l'art de la parole" (p28). C'est le langage qui a rapproché et sociabilisé l'homme. Selon lui l'homme ne peut être méchant car il ne connaît pas la bonté, la seule vertue dont il dispose est la pitié,qu'il partage avec les animaux. En sortent la bienveillance et l'amitié. Pour lui ces sentiments modèrent l'amour propre qui replie l'homme sur lui-même (à rapprocher du rôle de l'égo dans le livre 3 amis en quête de sagesse)

Et puis arrive le thème de l'amour qui vient mettre le feu au poudre dans cet histoire idéale (p33), mais seule la société et l'imagination de l'homme a pu créé la passion et la jalousie.

Suite à cet exposé JJR conclut que l'inégalité naturelle de l'homme est très limitée et que ce sont surtout les inégalités d'éducations et les inégalités culturelles qui font la différence, ce qu'il appelle "l'inégalité d'institution". Et quand bien même cette inégalité naturelle serait importante, "quel avantage les plus favorisés en tireraient-ils, au préjudice des autres ?"

Pour lui, servitude et domination ne peuvent exister que lorsque l'on ne possède rien, au pire il y a le vol qui est un acte ponctuel.

p36 "Sans prolonger inutilement ces détails, chacun doit voir que, les liens de la servitude n'étant formés que de la dépendance mutuelle des hommes et des besoins réciproquent qui les unissent, il est impossible d'asservir un homme sans l'avoir mis auparavent dans le cas de ne pouvoir se passer d'un autre ; situation qui n'existant pas dans l'état de nature, y laisse chacun libre du joug et rend vaine la loi du plus fort"

Raisonnement applicable bien entendu aux liens économiques liant les gens : contrat de travail, accession à la propriété et autres.

JJR expose ensuite et rapproche "les différents hasards qui ont pu perfectionner la raison humaine, en déteriorant l'espèce, rendre un être méchant en le rendant sociable, et d'un terme si éloigné amener enfin l'homme et le monde au point où nous les voyons"

"Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simple pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile." Au contraire, "les fruits sont à tous et la terre n'est à personne."

 JJR explique alors comment est née l'idée de propriété : "le premier sentiment de l'homme fut celui de son existence, son premier soin celui de sa conservation", il apprit ainsi à "surmonter les obstacles de la nature". La création d'outils nécessaires à sa protection et à sa survit fit que l'homme s'éleva au-dessus de l'animal et c'est la naissance de l'orgueil. En se distinguant de ses semblables, l'homme put s'associer dans l'accomplissement d'un but commun ou bien se défier des autres.

C'est la création de l'habitat, avec les premières huttes qui vit apparaître l'amour conjugal et l'amour paternel, par l'habitude de vivre ensemble. Pour JJR c'est à ce moment "que s'établit la première différence dans la manière de vivre des deux sexes". Les deux perdirent de leur autonomie ("une vie un peu plus molle", ça m'a fait bien rire).

p39 : "et ce fut là le premier joug qu'ils s'imposèrenbt sans y songer, et la première source de maux qu'ils préparèrent à leurs descendants ; car outre qu'il continuèrent ainsi à s'amollir le corps et l'esprit, ces commodités ayant par l'habitude perdu presque tout leur agrément, et étant en même temps dégénérées en de vrais besoins, la privation en devint beaucoup plus cruelle que la possession n'en était douce, et l'on était malheureux de les perdre sans être heureux de les posséder"

Mais bien sûr qu'il parle de ton smartphone !

La vie en communauté et l'habitude de vivre ensemble fait naître de nouveaux sentiments : mérite, beauté, préférence, jalousie, discorde, vanité, mépris, honte et envie. Puis l'idée de considération. "De là sortirent les premiers devoirs de la civilité, même parmi les sauvages, et de là tout tort volontaire devint un outrage, parce qu'avec le mal qui résultait de l'injure, l'offensé y voyait le mépris de sa personne souvent plus insupportable que le mal même." Et il cite Locke "il ne saurait y avoir d'injure, où il n'y a point de propriété".

La vie en société même primitive exige des qualités différentes de la vie naturelle : moralité, vengence, punition.

JRR estime que l'homme était fait pour rester à cet état de développement, que l'on observe à l'époque chez tous les peuples primitifs et "que tous les progrès ultérieurs ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l'individu, et en effet vers la décrépitude de l'espèce".

Pour lui, la naissance de la métallurgie et de l'agriculture conduisirent à la création de la propriété et de la main d'oeuvre, soumettant une partie des hommes à une autre, le riche étant aussi esclave que le serviteur dont il ne peut se passer. Pour JRR il s'agit d'un état de guerre p44 "la société naissante fit place au plus horrible état de guerre : le genre humain avili et désolé, ne pouvant plus retourner sur ses pas ni renoncer aux acquisitions malheureuses qu'il avait faites et ne travaillant qu'à sa honte, par l'abus des facultés qui l'honorent, se mit lui-même à la veille de sa ruine."

Le riche, attaqué par les pauvres dut employer "en sa faveur les forces mêmes de ceux qui l'attaquaient, de faire ses défenseurs de ses adversaires, de leur inspirer d'autres maximes, et de leur donner d'autres institutions qui lui fussent aussi favorables que le droit naturel lui était contraire." Ce fut "l'origine de la société et des lois, qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces au riche." La propriété et l'inégalité sont donc définitivement inscrites dans la loi.

A partir de la page 46, JJR réfute les autres théories sur l'origine des sociétés politiques.

Pour JJR "l'établissement du corps politique comme un vrai contrat entre le peuple et les chefs qu'il se choisit, contrat par lequel les deux parties s'obligent à l'observation des lois qui y sont stipulées et qui forment les liens de leur union". Afin d'éviter que le contrat de ne se casse par la même volonté, la religion "intervint pour donner à l'autorité souveraine un caractère sacré et inviolable qui ôtât aux sujets le funeste droit d'en disposer."

P50 il espose l'évolution des inégalités :

1. établissement de la loi et du droit de propriété (riche/pauvre)

2. établissement de la magistrature (puissant / faible)

3. établissement du pouvoir arbitraire (maître / esclave)

Et voici une très belle phrase que je me suis appliquée plusieurs fois dans ma vie à incarner sans le savoir :

"Il est très difficile de rédure à l'obéissance celui qui ne cherche point à commander et le politique le plus adroit ne viendrait pas à bout d'assujettir des hommes qui ne voudraient qu'être libres"

Je me souviens d'un claquement de porte, d'un "non", de plusieurs "comme vous voulez" et à la fin ... je fais ce que je veux car je n'ai rien à perdre ni à obtenir.

Au final, p53, JRR estime que le despotisme est le "dernier terme de l'inégalité, le point extrême qui ferme le cercle et touche au point d'où nous sommes partis. C'est ici que tous les particuliers redeviennent égaux parce qu'ils ne sont rien, et que les sujets n'ayant plus d'autre loi que la volonté du maître, ni le maître d'autre règle que ses passions, les notions du bien et les principes de la justice s'évanouissent derechef."

Il appelle ensuite (pas trop fort ...) à la révolte "l'émeute qui finit par étrangler ou détrôner un sultan est un acte aussi juridique que ceux par lesquels il disposait la veille des vies et des biens de ses sujets. La seule force le maintenait, la seule force le renverse."

Je vous laisse découvrir dans le texte les deux derniers paragraphes des pages 53 et 54 : ils seront pour moi l'occasion de m'exprimer plus longuement (oui je sais c'est long et ya pas d'images, félicitations à toi qui lit ces lignes) sur mes dadas que sont le minimalisme et la psychologie positive.

Et toi, ta liberté, tu la vends à qui ?

La prochaine fois nous parlerons du texte de Voltaire, en espérant vous avoir donné envie de (re)découvrir ces textes et ces philosophes.

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Commentaires
Z
ça rejoint tout-à-fait mes lectures du moments et notamment, les textes de Dominique Loreau : les objets nous aliènent (en gros)... On ne peut être libre qu'en dehors de la possession... même si j'ai l'impression qu'il s'agit plus d'une liberté de l'espri ( je capte peut-être mal, mais JJR parle de liberté de l'être plus que de l'esprit, non ?) Bref, j'en suis loin, très loin... Et parfois, j'ai un doute : la lberté est-elle réellement de la liberté ou de l'absence d'esprit critique ? L'acceptation totale de son statut me fait peur, j'avoue... bref, j'ai tout lu :) même sans les images, ça me va :)
L
Dès le matin, voilà de quoi nous réveiller les méninges avec un bon café. Sur la question ; "Ta liberté tu la vends à qui?". Je répondrai que je n'ai pas la sensation de me vendre à qui que ce soit ni à quoi que ce soit. Par contre je pense que la liberté n'est pas absolue. Jamais. Il y a toujours des contraintes qui la limite : la société au travers des lois et de la morale, la famille... Tout groupe a sespropres règles. Je pense que heureusement ! Parce que la liberté absolue ce serait l'enfer. Comme contrairement à Rousseau je ne pense pas que l'homme est foncièrement bon, j'imagine les conséquences d'une société sans garde-fous !
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